Rions un peu: Les plus beaux dimanches après-midi du monde

Editions Plonk et Replonk.

Extraits:

Loin de la solidarité de pacotille dont s'enorgueillissent les voix bêlantes du microcosme médiatique, les habitants du charmant village de Fricheule nous donnent une leçon: non seulement de solidarité mais de vie. En effet, après la messe

célébrée par Monseigneur Ballier dans l'église du Sacré Coin (....), les habitants se dirigent tous vers la maison de Monsieur le Maire  (.....) A un moment précis, chacun part dans un endroit différent du grand parc de la propriété.

"C'est chaque dimanche la fête de la solidarité!", nous dit Clothilde Courgeot, responsable-adjointe du carré de pétunias(....) A quelques mètres de là, Sylvette Rinjus commence à tailler les rosiers. (....) Soudain, le silence s'en va, laissant place à la tondeuse que chevauche Henry Clapion pour son rallye hebdomadaire à travers le parc: toujours de la chapelle vers les écuries et des écuries vers le garage, où Michel Pedrezat lustre les automobiles de collection du maître de maison. (...) Plus près, Anne Jambert et ses quatre enfants font briller les imposantes porte-fenêtres. Kevin, son petit

dernier, est de la partie malgré sa rubéole: preuve que la solidarité n'attend pas le nombre des années! (...) Encore plus loin, Charles et Yvette Liszt nettoient les neuf trous du golf privatif que le conseil municipal vient de financer.

On le voit, c'est bel et bien tout le village qui vient solidairement faire quelques heures de bénévolat pour soutenir le premier citoyen du village! Car il faut savoir que les finances de Fricheule sont au plus mal: depuis la construction de l'héliport privatif (...), l'argent vient à manquer. Il avait déjà fallu l'an dernier sacrifier l'école enfantine pour sauvegarder le budget du golf.

Fuyant les solutions de facilité, le Maire avait alors courageusement refusé d'augmenter encore la pression fiscale et avait proposé la création des "dimanches solidaires".(...)

A la tombée de la nuit, alors qu'ils sortent de la propriété le coeur léger, les Fricheuliens ont la satisfaction du devoir accompli.

Après un frugal repas et une petite nuit de sommeil, ils pourront retourner travailler aux usines du Maire en attendant le prochain dimanche.